Qu’est ce que l’Intégration du Cycle de la Vie (ICV) ou Lifespan Integration (LI) ?
L’intégration du cycle de la vie est une nouvelle technique, dans le cadre de la psychothérapie, qui favorise la guérison rapide de personnes victimes d’expériences douloureuses, d’abus ou de négligence.
Cette nouvelle technique est basée sur la capacité innée d’auto-guérison du système corps-esprit, (Système qui englobe le vécu imprégné dans le corps, inscrit dans les zones du cerveau droit, et qui permet un réaménagement neuronale du cerveau, de l’esprit).
Lors d’une séance standard en ICV, le psychothérapeute amène le client à utiliser son imagination active afin d’établir un pont entre le passé et le présent. Par régression, le thérapeute aide le client à retrouver un souvenir qui est relié au problème actuel, tout en apportant les outils nécessaires afin de résoudre cette situation du passé, de façon imaginaire.
Le thérapeute ramène ensuite le client dans le présent en utilisant la ligne du temps (time line). Cette ligne du temps composée de souvenirs et d’images de scènes de la vie du client, préparée d’avance par ce dernier, avec ou sans l’aide du thérapeute, démontre au système corps-esprit que les choses ont changées et que la vie est différente maintenant. Même si la problématique paraît similaire au départ, entre le passé et le présent, la perspective change et la façon d’appréhender la situation est différente.
Cette nouvelle perspective s’imprègne dans la mémoire, dans le cerveau, à un niveau beaucoup plus profond que celui pouvant être atteint avec une thérapie axée sur la parole.
- Comment cela se passe-t-il ?
Pendant l’Intégration du Cycle de la Vie (ICV), les personnes se remémorent leurs souvenirs et visionnent le film de leur vie dans leur esprit.
Au cours d’une séance de thérapie d’ICV, le mouvement vers le présent s’effectue par la visualisation, comme si le client visionnait le film de sa vie. Ce film généré par l’imaginaire du client, présente une suite de scènes dont plusieurs deviennent reliées d’une certaine façon au problème actuel. En regardant ce film, la personne comprend que le passé a encore un impact sur ses comportements et ses choix actuels. Ce voyage à travers le temps est répété de 3 à 5 fois (et parfois plus) au cours d’une séance d’ICV. À chaque répétition, il peut y avoir de nouveaux souvenirs ou différents détails qui émergent spontanément et cela modifie légèrement la façon dont le client perçoit l’histoire de sa vie. L’ICV est également efficace pour les personnes qui éprouvent de la difficulté à se souvenir de leur passé. Avec l’aide du thérapeute, ces clients peuvent quand même créer une liste de souvenirs qui deviendra leur ligne du temps.
Lors d’une thérapie d’ICV, les personnes qui ont des trous de mémoire deviennent éventuellement capables de relier les pans de leur vie en un tout cohérent.
Pour permettre la résolution de la situation du passé, de façon imaginaire, le client se voit entrer dans la scène du passé, en tant qu’adulte actuel, et va à la rencontre de son « soi-enfant » (ou plus jeune) qui se trouve prisonnier de cette situation.
Cet état de soi, coincé dans le passé, ne comprend pas que le traumatisme n’est plus réel dans le présent et c’est pourquoi, à un niveau implicite (inconscient) du cerveau, chaque situation dans le présent qui est moindrement similaire au problème du passé provoque une réactivation de cet état de « soi-enfant » qui réagit « comme un enfant » face à la situation présente… En imaginant que le « soi-adulte » peut revenir dans le passé et ainsi protéger et aider son « soi-enfant », il y a un apaisement qui se produit et qui permet de réparer les enjeux affectifs qui demeuraient bloqués dans le passé.
- Quels changements cela apporte-t-il ?
L’intégration du cycle de la vie amène une guérison profonde et plus complète.
L’ICV est une méthode très douce qui agit à un niveau neuronal profond afin de modifier les modes de comportements désuets et les mécanismes de défenses inappropriés dans le présent.
L’ICV aide la personne à relier des émotions désagréables et des réactions inadaptées avec des souvenirs d’événements passés qui sont à l’origine du
problème actuel. La reconnaissance de ces liens, à un niveau profond du système corps-esprit, permet de reprogrammer les réseaux neuronaux du cerveau, afin de mieux répondre aux situations de la vie actuelle.
Cette nouvelle programmation se fait assez rapidement chez la plupart des personnes. Néanmoins, cela peut aussi prendre du temps si le début de la vie de la personne a été marquée par de la négligence et/ou des traumatismes.
Après plusieurs séances en ICV, les personnes réagissent spontanément de façon plus appropriée et plus mature aux situations de stress. Les gens observent aussi qu’ils parviennent à une meilleure acceptation de soi, se sentent mieux dans leur vie et qu’ils peuvent approfondir leurs relations en étant capables d’une plus grande intimité et une plus grande confiance dans leur rapports avec les autres.
Les bases neurobiologiques de cette méthode en psychothérapie
Chez le nourrisson et le jeune enfant le « soi » existe originellement comme une série d’états émotionnels éparés, des états du soi distincts.
Lorsque le développement se déroule normalement, ces différents états du « soi » sont intégrés à l’intérieur d’un sentiment du soi unifié. « L’esprit en s’intégrant tente de créer un sentiment de cohérence entre les multiples « soi » à travers le temps et les contextes vécus ». (Siegel, 1999). Même si on ne comprend pas encore totalement comment cela se produit, certains neurobiologistes croient que cette intégration survient grâce à la construction mutuelle entre le parent et l’enfant de récits autobiographiques de l’enfant. « La construction mutuelle des récits autobiographiques stimule l’intégration des cognitions (pensées), des affects (émotions), des sensations et des comportements » (Cozolino, 2002).
Le développement du cerveau est donc un processus interactif entre le parent et l’enfant. Siegel (1999) nous dit que « l’esprit humain émerge de modèles établis (ou modes) de circulation de courant d’énergie et d’information à l’intérieur du cerveau (de l’enfant) et entre les cerveaux (de la figure parentale et de l’enfant). Schore (1994) démontre l’importance de la dyade parent-enfant dans laquelle le parent adulte contient et apaise les états émotionnels de l’enfant, donc prend en charge la régulation des émotions de l’enfant, durant les périodes critiques de son développement jusqu’à ce que l’enfant soit capable d’autorégulation.
Pour que le développement neuronal optimal survienne chez l’enfant, le parent doit s’harmoniser avec sensibilité (ou se synchroniser) à l’enfant et être réceptif à ses états et ses besoins qui varient constamment. Lorsque des situations stressantes empêchent le parent d’être réceptif et attentif ou si le parent n’est pas capable de réguler ses propres émotions, le développement neuronal de l’enfant peut être altéré. « Les échecs de la dyade (parent-enfant) de la régulation des émotions entraînent une psychopathologie du développement qui est à la base de divers troubles psychiatriques qui se manifesteront plus tard dans la vie » (Schore, 1994).
Les expériences traumatiques qui surviennent au cours du développement peuvent avoir des effets à long terme très profonds. Jusqu’à tout récemment, les neuroscientifiques croyaient que le cerveau humain se développait au cours de l’enfance et que lorsque le développement était complété, il n’y avait plus de nouvelles connexions synaptiques entre les neurones.
Nous savons que les réseaux neuronaux du cerveau ne sont pas statiques, que le cerveau se remodèle durant toute la vie et peut se remodeler à la suite de changements dans nos comportements et dans notre façon de penser (Schwartz & Begley, 2002). Cela s’appelle la « plasticité neuronale ».
Les recherches démontrent que l’apprentissage et la mémoire sont favorisés, et que la « plasticité neuronale » augmente lorsque le sujet ressent un engagement émotionnel optimal, sans toutefois être envahi. Ledoux (2002) décrit comment l’engagement émotionnel optimal contribue à la plasticité neuronale.
« Parce qu’il y a habituellement plus de systèmes cérébraux qui sont activés en présence d’un état émotionnel que lorsqu’il n’y a pas d’émotions, et puisque l’intensité de l’activation est plus forte, la possibilité d’un apprentissage coordonné à travers les systèmes du cerveau est plus importante pendant les états émotionnels. » (p.322)
En parallèle, le cadre de la thérapie tente de reproduire un espace où il n’y a pas d’envahissement émotionnel. Le thérapeute, grâce à sa propre capacité de réguler ses émotions (et par le fait même, réguler celles d’autrui), offre un espace sécurisant pour arriver à intégrer une nouvelle façon de gérer les émotions.
« La construction mutuelle des récits autobiographiques, dans un environnement soutenant au plan émotionnel, peut fournir la matrice nécessaire à l’intégration psychologique et neurologique requise pour éviter des réactions dissociatives. » (Cozolino, 2002, p.264)
La technique de psychothérapie qu’est l’intégration du cycle de la vie recrée une construction mutuelle d’une compréhension autobiographique qui aurait été perturbée durant le développement de l’enfance.
Les traumatismes de l’enfance et la négligence nuisent au développement neuropsychologique du cerveau. Cela crée un système corps-esprit qui est neurologiquement hyper-réactif et qui manque d’intégration des différents états du soi, empêchant ainsi le développement équilibré d’un soi central cohérent.
L’intégration du cycle de la vie stimule cette intégration à l’intérieur du système corps-esprit, permettant ainsi la guérison de traumatismes complexes et de perturbations provenant du début de la vie relationnelle.
REFERENCES :
- Cozolino, Louis (2002). The Neuroscience of Psychotherapy: Building and Rebuilding the Human Brain, New York, NY, Norton and Co.
- Ledoux, J. (2002). Synaptic Self: How our brain becomes who we are. New-York, N.Y., Penguin Putnam.
- Schore, Allan. N. (1994). Affect Regulation and the Origin of the Self: The Neurobiology of Emotional Development, Hillsdale, N. J., Lawrence Erlbaum Associates.
- Schwartz, Jeffrey M. & Begley, Sharon (2002). The mind and the brain: Neuroplasticity and the power f mental force. New York, N.Y., HarperCollins Publisher Inc.
- Siegel, Daniel J. (1999). The Developing Mind : Toward a Neurobiology of Interpersonal Experience, New York, NY, The Guilford Press.
LIENS UTILES :
Voyez les différents sites internet à travers le monde qui sont reliés à l'Intégration du cycle de vie (ICV) et constatez l'ampleur du mouvement de cette nouvelle forme de thérapie.
Sites Internet connexes
LI – France :
http://www.lifespan-integration.fr
LI – Espagne :
http://www.integraciondelciclovital.es
LI – Suède :
http://www.lifespanintegration.se
LI – États-Unis :
http://www.lifespanintegration.com
LI – Royaume-Uni :
http://www.lifespanintegration.co.uk/
LI – Allemagne, Autriche et Suisse allémanique :
http://www.lifespanintegration.ch/
LI – Russie:
http://lifespanintegration.ru/
LIVRES UTILES
Cathy Thorpe : http://www.cathythorpe.com/books/